Sud Ardèche

En sortant de Privas (un dimanche matin) un col, à 796 m, doit me faire passer du nord Ardèche au sud Ardèche. Tout au long de la bonne dizaine de km de cette ascension je suis dépassé par les hordes de cyclistes d’une compétition consistant en une montée chronométrée dudit col. Certains vont si vite que je les entends vrombir à mon approche. Sur la fin, l’un d’eux, moins performant, me confie sa satisfaction de doubler, enfin, un autre cycliste.

De fait, une fois ce col passé, la végétation devient un peu plus sèche (il faut dire que tout est resté exceptionnellement vert, cette année, pour un mois d’août) :

Je viens par ici pour retrouver Voguë où j’ai passé des vacances lorsque j’avais …sept  ans. Sept ans, l’âge de raison, où des choses nous  font dire qu’on est grand ; je garde de vifs souvenirs de ce moment, dans un cadre qui est, vraiment, très très beau : village ancien blotti entre la falaise et l’Ardèche, laquelle roule de gros galets arrondis allant du gris très clair au gris foncé (très esthétiques, et très  casse-g…) et au pied d’un élégant viaduc qui a retrouvé vie grâce â une vélo route :

D’un côté, cette véloroute m’a amené à Aubenas, qui est la ville principale du sud Ardèche et qui possède un gros château et un agréable centre ancien (mais quelle grimpette pour y arriver) :

De l’autre, elle m’a amené aux portes des vertigineuses gorges de l’Ardèche, dont l’entrée amont est marquée par le, mondialement connu, Pont d’Arc (qui est le résultat de l’étrécissement progressif, aux temps géologiques, d’un méandre, que la rivière a délaissé depuis) :

Il faut croire que cette curiosité n’a pas laissé, non plus, indifferents nos encêtres de l’aurignacien (homo sapiens, tout comme nous, mais d’il y a 36 000 ans) puisque c’est dans ce méandre qu’à été découverte la grotte « Chauvet » dont les très esthétiques peintures (je suis allé visiter la reproduction à quelques km de là) sont, à ce jour, les plus anciennes connues au monde.

La route qui surplombe, ensuite les gorges (une tuerie à monter) offre, des panoramas époustouflants :

Mais j’ai, aussi, deux fois, marché dans le fond des gorges en longeant la rivière, dès-potron-minet (sans rencontrer personne, en cette toute fin d’août). Au pied de ces falaises immenses, en contemplant  une nature qui paraît immuable, et en pensant à l’oeuvre de nos ancêtres d’il y a 36 000 ans ; c’était assez bouleversant.

30 août 2024

Nord Ardèche

La Via Rhôna (principalement en rive droite) m’amène en Ardèche, où, aussitôt, je commence à entendre les cigales.

Pause pique-nique à l’ombre du pont de Serrières, car il commence à faire bien chaud :

avant de faire halte une nuit au cœur de la ville ancienne de Tournon sur Rhône, le camping se trouvant presque au centre, et en bordure de Rhône qui, à cet endroit, s’incurve pour ouvrir une perspective lointaine sur le Vercors :

Tournon, dominée par son château : 

a connu une particulière notoriété du temps de François Ier dont le cardinal de Tournon était un proche et un de ses grands diplomates La ville lui doit, notamment, la Fondation d’un collège de Jésuites. Comme toutes ces villes de la  vallée du Rhône, son centre ancien est constitués de hautes maisons peu ornées  le long de rues étroites (pour se garantir du mistral lhiver et du soleil l’été ?) .

Puis m’écartant du Rhône, d’abord par la vallée de l’Eyrieux 

 et un premier col, je vais faire connaissance de la plus petite préfecture de France : Privas, dont le centre, et les quartiers les plus anciens sont juchés sur d’assez étroits éperons rocheux :

Cette topographie contrainte contribue, encore plus, à donner l’impression d’une préfecture de poche où toutes les institutions publiques et para-publiques sont à touche-touche : mairie, préfecture, DDT, conseil départemental, palais de justice, maison d’arrêt, église et temple, enseignement privé, et énorme hôpital psychiatrique, etc… tout ça en quelques rues assez vites parcourues, avec peu de façades qui retiennent l’attention.

24 août 2024

Saône et Rhône

Je retrouve la Saône (que j’avais, juste, tengentée en Haute-Saône) au niveau du Mâconnais, séduisante région de collines et de vignobles (et de patrimoine roman clunysien mais que, cette fois, je n’ai pas pris le temps d’arpenter) :

et de Mâcon, ville qui présente (selon mes standards qui sont je le reconnais, assez partculiers) trois spécificités :

  • préfecture d’un des six ou sept plus grands départements métropolitains elle est étonnemment décentrée par rapport à celui-ci (à l’extrême sud, directement limitrophe du département de l’Ain, dont la Saône la sépare) ; et ses bâtiments publics, tous orientés et proches la Saône, font même mine de lui tourner le dos ;
  • sur la route du nord (depuis la région parisienne) vers le sud (-est) elle m’a toujours fait l’effet (et cette fois encore) d’être , par sa luminosité, la véritable porte du sud ;
  • siège d’un évêché avant la révolution elle ne conserve plus qu’un moignon de son ancienne cathédrale St-Vincent, détruite moins par fanatisme que pour insolidité (sol mal portant, sans doute d’un ancien lit de la Saône) :

Le long de la Saône j’emprunte, ensuite la voie bleue jusqu’à Villefranche s/ …? Saône, évidemment. J’y passe une nuit dans la famille mais n’ai pas pris le temps de vous en proposer une photo. A dire vrai, cette ville de quelque importance ( unique sous-préfecture du Rhône, et ville pricipale du Beaujolais) est toute en longueur, s’étirant, assez étroitement,  le long de sa rue centrale qui fait plusieurs km. Si l’on n’y est, donc, jamais bien loin du cente-ville cela est, en revanche, difficile à rendre en photo.

De là je décide de sauter, par le train, toute l’agglomération lyonnaise pour atterir, aux portes de l’Isère (mais bien au bord du Rhône cette fois)  à Vienne, ville qu’on aurait tendance à laisser de côté (un peu resserrée dans un goulot d’étranglement où passent la nationale 7, l’autoroute et deux voix ferrées de part et d’autre du Rhône, ..ainsi que la véloroute Via Rhona) mais au très riche passé.

Se disputant, à l’époque romaine, la suprématie, dans la région, avec Lyon elle possède l’un des deux bâtiments romains les mieux conservés de France (l’autre étant sa contemporaine, la maison carrée de Nîmes) : le temple d’Auguste et de Livie

Elle était dotée, de ce fait, d’un archevêque jusqu’à la révolution et, d’une grade et belle cathédrale, St Maurice :

La concurrence avec Lyon s’est d’ailleurs poursuivie au moyen âge dans le domaine ecclésiastico-politique, l’archevêché de Lyon étant dans la zone d’influence du roi de France tandis que Vienne était terre d’Empire (romain germanique) ; ce qui valut, notamment, à l’un de ses habiles et diplomates titulaires (au XIIème siècle) d’être élu pape sous le nom de Calixte II.

23 août 2024

Changement de programme

Après cette semaine en famille mon vélo devait, initialement, me conduire vers le haut-Jura puis la Savoie. Mais un mal de dos persistant (déchirure musculaire sans doute) choppé depuis plusieurs jours m’a fait orienter mon trajet vers les reliefs plus sereins de la Bresse et de la vallée de la Saône, après une nuit, encore en compagnie d’Élisabeth et Violette, dans la très belle ville de Dole, qui était la capitale de la Franche-Comté avant que celle-ci ne soit annexée par Louis XIV (qui lui préféra Besançon) :

Cette concurrence entre les deux villes avait conduit les bourgeois de Dole à financer une très belle et grande église, dans l’espoir qu’elle devienne un jour cathédrale, ce qu’elle ne fut jamais :

La journée suivante fut consacrée à la Bresse, généreuse région agricole répartie entre le département de l’Ain mais, aussi, celui de Saône-et-Loire autour de Louhans. Après une nuit passée chez une amie dans un hameau (totalement silencieux) et une maison absolument typique de cette Bresse bourguignon :

je n’ai pas manqué de m’arrêter pour arpenter l’énorme marché du lundi à Louhans où, même si les vendeurs de volailles vivantes sont désormais anecdotiques, on ne rencontre aucun de ces étals destinés aux touristes de passage :

19 août 2024

Dans le Doubs

J’ai rejoins le Doubs (la rivière) au niveau de Baume-les-Dames, qui m’a un peu déçu : il ne semble pas rester grand-chose de l’abbaye qui lui a valu ce nom, et le seul petit logis ancien visitable est maintenu ouvert, vaille que vaille,  par une poignée de bénévoles visiblement peu soutenus.

Cela dit, la vallée du Doubs qui s’écoule, entre des falaises plus ou moins marquées, vers Besançon, puis vers la Saône, offre un très beau cadre à l’eurovéloroute 6 (Atlantique-Mer Noire) qui l’emprunte :

L’arrivée sur Besançon se fait, d’ailleurs, au pied de la citadelle, sous l’éperon de laquelle un canal, et la véloroute, passent en tunnel pour couper le méandre dans lequel la ville ancienne s’inscrit :

Besançon est une belle ville, très homogène, et très ancienne comme en témoigne cet ancien arc de triomphe romain derrière lequel se dresse la cathédrale (laquelle, à mon goût, est assez médiocre, à l’image de son unique clocher presque villageois) :

Puis mon vélo, m’éloignant un peu du Doubs, m’amène aux anciennes salines royales d’Arc et Senans, projet industriel d’avant-garde du XVIIIème siècle, tant au plan architectural qu’au plan sociétal (projet de ville utopique, autarcie et très paternaliste) dû à l’architecte Nicolas Ledoux dont je découvre la grande créativité et les étonnantes réalisations (dont beaucoup, malheureusement, ont disparu).

Après quoi, et après une étape à Salins les Bains (« maison-mère » en quelques sorte, d’Arc et Senans puisque la seconde était destinée à compléter la première) où le sel était produit (par chauffage d’eau de sources salées) depuis le VIIIème siècle (ce qui lui a value et belle propérité), je vais me poser pour une bonne semaine dans un camping (à Levier) où je suis rejoint par mes enfants et mes petites- filles :

5-18 août 2024

Je l’ai fait pour vous

Peut-être, comme certaine, avez-vous rêvé de voir Vesoul ? En ce qui me concerne, j’y suis enfin allé ; et, avouons-le, la ville est assez conforme à l’idée qu’on s’en fait  On y trouve, quand même, un petit quartier ancien, où l’on commence à retrouver le style architectural bourguignon, notamment avec ses grands toits de tuiles plates brunes  :

Quitte à y être, j’ai fait un grand tour de ce département de la Haute-Saône, très méconnu. Et la plus jolie ville que j’y ai trouvée est Luxeuil les Bains ; localité antique, qui a accueilli une des plus anciennes abbayes de France (pardon : de Gaule, fondée par le moine irlandais St-Colomban au début des temps mérovingiens), et qui présente un très beau centre ancienne :

De manière plus sporadique, mon itinéraire me réserve de jolies surprises :

mais globalement on ressent bien qu’on est dans un département extrêmement rural  et forestier (et populaire, aussi) : 

Contrairement aux apparences, d’ailleurs, les petites routes y réservent de mauvaises surprises au cyclotouriste avec de terribles murs dont je garde un mauvais souvenir,

Et puis, complètement inattendue dans ce contexte (et précédée, elle aussi, d’un mur terrible), la chapelle Notre-Dame du haut à Ronchamp, œuvre mondialement connue de Le Corbusier :

La raison de sa présence ici est, d’ailleurs toute bête et, en même temps, très particulière. Il existait, avant la Révolution, une chapelle à cet endroit dont un groupe de paroissiens, pour éviter les spoliations qui se profilaient, ont fait collectivement l’acquisition. Leurs ayant-droit étaient et sont, donc, toujours propriétaires de ce terrain sur lequel, entre-temps, l’ancienne chapelle s’est dégradée ( je saute des étapes) tant et si bien qu’après-guerre, ils ont voulu la reconstruire à neuf…et ils se sont adressés, tout simplement, pour cela à Le Corbusier ; que l’idée et le lieu ont séduit. Et voilà le résultat.

3 août 2024

Au pied des ballons

Je me pose ensuite, quelques nuits, entre Mulhouse et le pied des Vosges. Les villages commencent à avoir sensiblement moins de cachet (mais on y trouve encore d’énormes église en grès rose dans d’assez modestes bourg, comme Guebviller, Vieux-Thann, ou Masevaux). Mais les pentes des ballons sont bien plus séduisantes : je monte ainsi, un matin, au pied  du Grand Ballon, sommet des Vosges :

dans la descente duquel s’offre à moi de superbes panoramas vers la plaine et, au delà, la Suisse, ou vers la région de Belfort :

Belfort, précisément, que je découvre ensuite  Au milieu de villages de plus en plus franc-comtois, c’est à dire avec une architecture purement fonctionnellle, et ayant traversé des faubourgs de même, la vieille ville de Belfort me réserve une très belle surprise :

La ville est entouré de remparts, certains datant de Vauban :

mais j’ai renoncé à gravir, avec armes et bagages, jusqu’à la citadelle qui domine la ville, et dont la réstance en 1870 value au territoire de Belfort de rester français. Je n’ai donc pas, non plus, contemplé de mes yeux le lion de Belfort, l’énorme haut-relief de M. Bartholdi sculpté à la base de celle-ci. En lot de consolation je vous propose toutefois, la déclinaison foraine de ce grand symbole guerrier, figurant sur le manège de la place centrale de la ville :

31 juillet 2024

… et les villes.

Sur ce trajet, je m’arrête d’abord à Molsheim (les locaux prononcent Moltzéim, si j’ai bien entendu), charmante sous-préfecture du Bas-Rhin

qui abrite, notamment, une énorme église jésuite, liée à l’établissement, au milieu du XVIème siècle, d’une université desdits bons pères dans cette assez modeste localité

L’explication m’en a été donnée par le monsieur qui en assurait la surveillance ce matin-là : très peu après le début de la réforme luthérienne et son implantation à Strasbourg son évêque (qui était un vrai prince-évèque à  l’allemande) en a été chassé et s’est replié sur ses différentes possessions sûres des alentours : à Saverne, pour ce qui concernait l’administration de ses domaines temporels (d’où, deux siècles plus tard, le palais Rohan, déjà vu), et à Molsheim pour ce qui concernait toute ses activités purement religieuses.

L’autre inattendu de Molsheim est que c’est ici qu’Ettorre Bugatti, fils d’immigrés italien atterris là, a crée, à 28 ans,et développé sa marque de voitures de sport.

Je traverse, à moins de 10km de là, Obernai qui est, vraiment, l’archétype du gros bourg à maison à pans de bois :

Pour la suite, j’avoue avoir renoncé à faire un reportage photographique de tout  les villages  du même type, lesquels vaudraient, pourtant, tous une visite (que je n’ai pas faite).

Je me suis, néanmoins, arrêté un bon moment à Colmar, qui est dans le même jus mais dans les proportions d »une grande ville, préfecture du Haut-Rhin :

où je n’ai pas manqué d’aller comtempler, dans le musée Unterlinden, le retable d’Issenheim (peint vers 1515 par Martin Grünwald pour un couvent proche de Colmar, et récemment restauré) dont certains choix de couleur, ainsi que les  mains arachnéennes de plusieurs personnages, ont sans doute inspiré Salvador Dali :

Mais on trouve encore, à Colmar, bien d’autres églises et momunents remrquables, abritant eux-mêmes des oeuvres qui en font, en soit, une destination de voyage. remarquable.

28 juillet 2024

Forêts, vignoble, villages…

C’est le régime que je m’administre pendant quelques jours en descendant l’Alsace du nord au sud. Ayant posé ma tente trois nuits à Wasselonne j’en profite pour aller me perdre un peu (sans bagage) sur les routes forestières proches, au flancs des Vosges, jusqu’au château de Wangenbourg, des ruines duquel cette vue est prise :

Puis l’eurovéloroute, rejointe ensuite, me fait serpenter dans le vignoble, comme ici peu après Barr ( en traversant des villages qui sont une caricature d’offre touristique haut de gamme : hôtel, winstub, vigneron,  et ça  recommence, à touche-touche ; mais impossible de trouver à acheter une cannette de boisson fraîche) :

ou le lendemain, après Sélestat, cette fois dominé par le nid d’aigle du château du Haut-Kœnigsbourg à l’assaut duquel je ne me suis pas frotté :

27 juillet 2024

Et maintenant, l’Alsace

Ma première halte en Alsace, mais toujours dans les Vosges du Nord, fut La Petite Pierre : nom francisé à l’initiative de Louis XIV lorsqu’il eut annexé une grande parie de l’Alsace (un peu à la manière de Poutine en Ukraine orientale…). Au milieu de la forêt vosgienne, le village moderne s’étire sur une crête séparant deux ravins profonds tandis que le site du château et du village ancien, que l’on voit sur la photo ci-dessous, occupe un éperon perpendiculaire à cette crête :

L’église, dont on voit le fin clocher, est dite simultanée : ce qui veut dire qu’elle sert à la fois au culte catholique et au culte protestant, et ceci depuis le début du XVIIIème siècle. Je ne sais si cet usage est encore très répandu en Alsace.

A partir de là, on a beau le savoir et s’y attendre, tous les villages sont beaux ou très beaux, et incroyablement nombreux et grands. Au sortir de la forèt, débouchant sur la plaine d’Alsace :

je découvre, en premier lieu, Neuwiller-les-Saverne, qui fut le siège d’une grand abbaye bénédictine :

A Saverne (déjà traversée lors de mon périple de 2017) je pique-nique au bord du canal de la Marne au Rhin, face à l’énorme palais Rohan (j’en redirai un mot un peu plus tard) :

Juste quelques km plus loin, c’est Marmoutier qu’il ne faut pas ignorer, avec son abbatiale dont la première fondation remonte à l’an 590 ; on en a retrouvé des vestiges dans les fouilles de la crypte ; c’est assez émouvant. Le bâtiment actuel, derrière une imposante façade romane, est gothique mais avec, aussi, de belles stalles baroques :

23 juillet 2024