A Barrême, j’ai le plaisir de camper en bordure de « train des pignes » lignes à voie étroite qui relie, par les montagnes, Nice à Digne à une vitesse telle, disait-on, qu’elle laissait le temps de ramasser les pignons de pin en chemin. Une petite ligne perdue qui fait rêver…
Empruntant, ensuite, la route Napoléon comment ne pas m’arrêter à Senez, qui a occupé une si grande place dans mon histoire imaginaire ?
Ce nom a, d’abord, été associé très tôt à ma passion pour la géographie administrative française (eh oui !) lorsque j’ai découvert (dans le Quid 1974) qu’il s’agissait du chef-lieu du plus petit et du plus biscornu des cantons français : à peine 260 habitants, et coupé en deux morceaux séparés par une montagne (en tant que canton, il n’a été supprimé qu’à la fin des années 80s ) : mais d’où lui venait donc cette dignité ? C’est, plus tard, lorsque cette même curiosité m’à fait explorer les anciens diocèses de France, que j’ai appris que Senez avait été, jusqu’en 1789, le siège d’un micro évêché de Provence, sans doute le plus « crotté » de France (c’est à dire minable aux yeux de la Cour) ; et ceci du fait qu’elle avait été la capitale d’une circonscription de la province des Alpes maritimes romaines (puisque c’est ce découpage antique qui a été repris par les diocèses d’Ancien régime). Où comment l’organisation de l’Empire romain à continué de faire sentir ses effets jusqu’a le veille de l’an 2 000 !
La cathédrale, romane, est à l’échelle du diocèse : très modeste. Mais une active association de bénévole veille sur elle, et sur les quelques « monuments » que des évêques réformateurs et zélés, du XVIIème ont implanté dans le village : un « palais » épiscopal, une maison des chanoines, et, selon les décisions de concile de Trente, un séminaire c’est à dire un lieu où les pauvres prêtres du coin étaient un peu dégrossis, pendant quelques semaines, aux frais de l’évêque.
Quant à la belle acoustique de l’église, j’ai pu la tester en accompagnant, de ma voix, une dame du village, (rencontrée pendant la visite) qui joue de la scie musicale et avec laquelle nous avons improvisé un petit, mais émouvant, récital de cantiques.
Jacques, le 20/08/17